🎛️ Demain d'Argile en montage son

En ce temps de confinement, voici quelques nouvelles du projet qui souffre d’un petit retard.

Avant de commencer, j’espère que vous allez bien, où que vous soyez et que cette drôle de période n’aura pas été trop rude pour vous et vos proches.

Alors, où on est-on avec Demain d’Argile ? Depuis l’enregistrement de la musique originale, le montage image est bouclé. Et après un temps plus étendu que prévu, la phase montage son sera bientôt terminée.

Petite introduction au montage son

Partie plutôt méconnue, le montage son est une étape charnière et non moins passionnante de la post-production. À mon sens, c’est à ce moment que l’image commence à prendre un véritable caractère.

On enlève ce grincement de travelling, ce bruit parasite qui résonne juste après la réplique, ce chuchotement capté lors du son seul. C’est aussi à ce moment qu’on crée, qu’on peaufine une ambiance pour donner un caractère particulier à une scène. Y a-t-il du monde dans ce café ? Des rafales de vent, des oiseaux dans ce parc ? Qu’entend-on par la fenêtre de l’appartement ? De plus, une grande partie des sons qu’on entend dans un film sont ajoutés ou recrées à ce moment : les bruits de pas, les frottements, un claquement de porte… Tout ce qui n’est pas audible ou satisfaisant dans la prise directe est remplacé. Cette dernière est nettoyée, ses composantes identifiées et séparées. Enfin, on commence à réfléchir au placement et à l’interaction de tous ces éléments dans l’espace, en vue d’un mixage multicanal.

En définitive, le montage son touche à tout ce qui va rendre la séquence crédible pour le spectateur. Tous ces bruits auxquels on ne prête pas une grande attention… Sauf s’ils ne sont pas là. Croyez-moi, ça fait vite beaucoup de sons. Tendez l’oreille, au prochain film que vous regarderez : ça fourmille d’une tonne de détails. Conjugués à la musique, ils permettent à l’image de prendre corps.

Dans le cadre d’une production “classique”, ces étapes se font en équipe avec des bruiteur•euse•s (ou foley artist) qui vont enregistrer des sons originaux au plus proche de ce qui se passe à l’image. Avec un budget plus restreint comme le nôtre, il s’agit d’aller piocher au plus juste dans des banques spécialisées1 ou autre2.

Mon introduction est minimale et le montage son comporte beaucoup d’autres aspects que je vous invite à rechercher, si ça vous intéresse3.

Dans notre cas

Juste avant d’entrer en période de confinement, Charline et moi avions validé un montage définitif pour le film. Tout au long de cette partie, je travaillais le son sur le même logiciel (trop, d’ailleurs4). Mais ce n’était pas encore suffisant. Cette étape est d’autant plus importante pour le projet que toutes les séquences de la fable tournées en studio doivent être rebruitées.

Point positif personnel de ce confinement : j’ai eu tout le loisir de me poser pour appréhender les bases de ProTools. En bon débutant, j’ai passé beaucoup de temps à réorganiser le projet, à tâtonner, à chercher un workflow correct et j’ai recommencé plusieurs fois certaines séquences. Conjugué à la situation actuelle5, en résulte un retard par rapport au planning de post-production que nous nous étions donnés avec Charline.

Maintenant que j’ai le teint bien blanc, je commence à voir le bout de cette étape et je suis ravi d’avoir enfin pris le temps de creuser plus loin dans ce sens. Je ne suis pas professionnel : j’ai sans doute commis des bourdes et des omissions… Mais je suis assez satisfait du travail accomplis et je pense que toutes ces heures passées ne vont que dans le sens du film. C’est bien d’avoir une intention de travail, c’est encore plus gratifiant de pouvoir prendre le temps de la matérialiser au mieux !

Encore quelques jours de boulot et il ne restera “plus” qu’à écouter tout ça avec autre choses que ma paire d’enceintes achetées il y a 7 ans afin de terminer dans de bonnes conditions.

Puis il s’agira de passer au mixage, à l’étalonnage. De finaliser le titrage. De s’occuper de la traduction. D’élaborer une affiche. De réfléchir à un plan de domination du monde. Ce n’est pas fini, m’voyez ?


  1. Il existe pléthore de banques sonores convenables gratuites en ligne. Personnellement, j’ai passé de longs moments sur Freesound. Attention toutefois aux licences et surtout à la qualité des sons que vous téléchargez. On trouve aussi quelques fichiers intéressants sur le site de la BBC (de même, attention à la licence). De plus, je vous conseille de télécharger les Sonnis Audio Bundles, complètement libres de droits. Des centaines de sons variés et quelques-uns qui pourront vous satisfaire. Les torrents : 2015, 2016, 2017, 2018, 2019. Il y a encore beaucoup de sources que vous trouverez facilement. Pour le reste, j’utilise aussi des sons qu’on m’a donné et d’autres que j’ai enregistrés. Attention : la difficulté de ces banques, c’est de trouver des choses propres très spécifiques. Par exemple, les ambiances sont souvent chargées, difficile donc d’en recréer de zéro en additionnant les pistes. Attendez-vous à passer beaucoup de temps pour trouver ce qui vous convient au mieux. ↩︎

  2. En plus des banques de son, j’ai simplifié le montage de certains bruits de pas à l’aide de l’instrument virtuel gratuit kFootsteps, pour Kontakt. En trifouillant un peu, c’est propre. Comme je n’ai pas de contrôleur midi chez moi, j’ai utilisé l’utilitaire open-source MidiKeys↩︎

  3. Entre autres, voici une interview très intéressante d’un monteur son, Frédéric Dubois, qui détaille son travail sur des productions d’action et son usage de ProTools. Je vous conseille aussi cette série d’articles publiés sur le site ProTools Expert, qui revient sur les différentes étapes de la post-production audio : très bonne lecture. N’hésitez pas à m’envoyer vos ressources si vous en avez. ↩︎

  4. Petite note qui pourra peut-être servir à d’autres. Il faut savoir que j’ai utilisé Final Cut Pro X. On aime ou pas. Malgré son approche particulière, j’apprécie assez ce logiciel pour sa maniabilité “organique” une fois que tout est bien rangé et organisé. Néanmoins, si se passer de pistes stricto sensu n’est pas trop dommageable pour la vidéo, c’est une autre histoire pour le son. Malgré des “rôles” bien définis et une grande rigueur, il ne peut pas rivaliser avec un logiciel dédié, encore plus à destination d’un système surround. Durant le montage image, j’ai passé un certain de temps à trifouiller le son. Premièrement, plus on multiplie les clips et plus le passage FCPX > Logic > ProTools devient lourd et risqué (sans avoir à payer un plugin hors de prix, Logic est le seul moyen d’obtenir un AAF). Deuxièmement, j’ai finalement dû recommencer une grosse partie de ce que j’avais déjà fait sur ma timeline de montage dans ProTools. Comme le problème est bien souvent entre la chaise et le clavier, cette perte de temps qui aurait pu sembler évidente est une erreur de ma part. Mais il fallait bien que je la fasse une fois pour toute. En conclusion : dans le meilleur des mondes laissez le montage son… pour le/la monteur•se son. Mais si vous comptez vous en occuper, même un peu, n’attendez pas trop longtemps comme moi : apprenez tout de suite les bases de ProTools (dans une moindre mesure, monter dans Resolve est sans doute une solution envisageable, personnellement, je ne m’y fait pas). ↩︎

  5. Difficile d’avancer @home quand ma machine de travail génère des glitchs lors du traitement vidéo. Pour les curieux : j’utilise un hackintosh que j’ai monté il y a 7 ans sans véritable mise à jour depuis. Malheureusement, nvidia ne proposant plus de driver pour les dernières versions d’OSX, ma carte de l’époque (une GTX 660) n’est plus compatible. La partie graphique est gérée donc par un chipset HD4600. Il semble que FCP n’aime pas trop et je n’ai pas poussé plus loin la bidouille par flemme. Peut-être un signe pour passer à un workflow multi-plateforme, par exemple Media Composer, me direz vous. Pour ProTools, pas de problèmes à signaler si ce n’est que 8go de RAM en 2020, c’est léger. ↩︎