🇮🇸 Dix jours en Islande

En fin d’année dernière, je réfléchissais à un endroit où partir courant janvier. J’hésitais à descendre dans le Jura pour me lancer dans le GTJ en raquette mais l’hiver français s’annonçait peu engageant. Où aller, dans ma recherche de froid et de neige ? Et bien… pourquoi pas l’Islande ? Retour en quelques lignes et images sur mes dix jours là bas.

Jour 01 — Arrivée à Reykjavik

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Me voilà au jour « J » et le voyage commence déjà dans le métro. En cherchant à économiser quelques euros, je décide de me rendre à l’aéroport par la voie longue, celle… du tram 7. Je pars de Saint-Denis et malgré toute la marge prise, le trajet s’éternise. J’arrive un peu juste dans le mauvais terminal puis la gorge sèche devant les contrôles de sécurité après quelques minutes de course dans d’interminables couloirs… fort heureusement, presque personne. Pas le temps de dire « Eyjafjallajökull » que je suis dans l’avion.

Le voyage se déroule en un clin d’œil et me voilà arrivé à Keflavík. Pour l’instant je vois peu de neige et il fait 3°C mais ce n’est pas le moment de jouer au touriste mécontent. J’achète des clopes en Duty-Free et je vais à la rencontre d’un employé de la boîte de location où je dois récupérer ma voiture. Premier imprévu : je ne peux pas régler la caution avec ma carte de débit. Le seul moyen, payer le pack d’assurance complet que j’avais sciemment choisi d’éviter pour choisir une alternative. Je tente de parlementer : impossible d’avoir une réduction, impossible de voir un responsable. Tous les français présents avec moi se font avoir pour la même raison. À contre-cœur, j’ajoute une somme rondelette à la douloureuse pour pouvoir accéder au véhicule. Au passage, je dépanne un couple qui, eux, décident de revenir le lendemain le temps de trouver une alternative.

Et là, comme ça, me voilà sur une route islandaise. Pour l’instant je ne réalise pas, il fait nuit, les panneaux ressemblent à tout ce que je connais, la route est lisible et éclairée. Je dépose mes compagnons d’infortune et me dirige vers l’auberge de jeunesse qui m’accueille ce soir, le KEX Hôtel. Le bâtiment ressemble à un squat. Après quelques courses essentiellement constituées de barres de céréales et de maigres ingrédients pour confectionner des sandwichs… je me pose au bar pour y déguster une « flatus », blonde locale, seul accoudé au zinc.

Jour 02 — De Reykjavik à Lindartun

J’ouvre les yeux à 5h30, une heure avant mon alarme. J’ai beau tenter, impossible de me rendormir. Un brin de toilette, un café et c’est le départ. Le temps n’est pas merveilleux. J’ai pour objectif de rejoindre le parc de Þingvellir avant le lever du jour. Aujourd’hui, c’est mon moment le plus touristique : le fameux cercle d’or.

La route se déroule sans encombre. Alors que la luminosité grimpe, j’entre aperçois des bribes de montagnes, un changement radical de paysage par rapport aux alentours de Reykjavik. Le temps se découvre peu à peu. Arrivé au parking, j’observe les premières lueurs du jour avant de m’engager dans le chemin principal. Ça grouille de gens et je m’éloigne au premier sentier annexe. Me voilà seul. Le temps est dégagé, les couleurs sont somptueuses… Le soleil mettra des heures à sortir de derrière la montagne, baignant l’ensemble d’une lumière magique. Le parc est beau, j’en fais le tour avant de retourner au parking.

Prochaine étape, la chute d’eau Bruarfoss. Je reprends la route et dois lutter contre l’envie de m’arrêter toutes les deux secondes. Au loin, le lac gelé que je viens de quitter, irradie. Je me lance dans la petite randonnée nécessaire pour accéder à la chute. La lumière est folle tant le soleil est rasant et orangé. L’eau est d’un bleu turquoise électrisant. Je croise trois petites chutes d’eaux toute ravissantes. C’est très agréable de marcher un peu.

La prochaine étape, Geysir. Très beau à voir, ces colonnes de vapeur. Je ne reste pas spécialement longtemps mais j’aurais eu tort de ne pas m’arrêter. Je poursuis par la chute de Gulfoss. C’est fou, immense… dommage de ne pas pouvoir descendre plus, le chemin balisé étant fermé…

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En repartant vers 16h30 je me questionne. Soit je rejoins le logement prévu pour le soir ou je passe voir un dernier point d’intérêt qui me rallonge un peu la route. Je me retrouve alors au lac de Kerid, enclavé dans un monticule de terre, de pierre et d’herbe à la couleur très particulière. Si le lieu est beau, il ne m’enchante malheureusement pas. En fait, c’est un peu l’antithèse de la cascade de Bruarfoss : un grand parking, un droit d’entrée, une vue. Sur le coup, je m’en veux de ne pas être pris par la chose.

Une heure quinze de trajet avant de rejoindre mon lit. La lumière décline petit à petit. Je rejoins la route 1 et une forme plus marquée de civilisation. Je traverse surtout des zones commerciales et la fatigue me pend un peu au nez. Je me surprends à presque regretter que le temps soit si clément, après avoir lu tant de chose sur la conduite parfois chaotique en Islande. Mais je viens à peine d’arriver… Au bout de mon itinéraire, une baraque perdue au milieu de nulle part. La porte est ouverte et les propriétaires ne sont pas là. Je croise brièvement une famille d’Allemands installés pour la nuit. Après une ration de pâtes et une bière, une douche et ma lessive du jour, me voici avachi dans le lit, pas loin de l’extinction des feux.

Jour 03 — De Lindartun à Vik

Il est 6h30, mon réveil sonne. J’aurais largement pu dormir plus, vu la proximité de mon prochain lieu d’atterrissage mais je préfère conserver ce rythme. Dehors… le vent frappe. Fort. J’avale un petit-déjeuner composé d’un café, d’une barre de céréales et d’une banane. J’infuse un thé dans mon thermos. Je prends mon temps pour me préparer, histoire de ne pas poireauter des heures dans le noir une fois arrivé à destination.

Je me met à rouler en direction de Seljalandsfoss, une belle cascade. Ça souffle et il pleut. Un gros brouillard m’empêche d’y voir clair et je distingue au loin un grand pan de roches qui apparaît petit à petit. Arrivé au parking, je me dirige vers la chute éclairée par deux grands projecteurs. C’est assez impressionnant. Je poursuis un peu ma marche vers Gljufrabui. Ça glisse un peu. En fait, la neige ressemble surtout à une drôle de mélasse. Rien d’étonnant : il fait 6°C. Bizarrement, la luminosité n’évolue pas d’un pouce. Je jette un œil sur l’heure pour me rendre compte que le soleil est levé depuis 30 minutes… on est mal parti. Je retourne à la voiture, le vent souffle très fort, me déstabilise presque.

Je poursuis l’aventure vers Skogafoss. Alors là, c’est Disneyland. Plein de cars, plein de voitures… la chute est très belle et on peut s’approcher sauf que le chemin qui m’intéresse est fermé. Il m’a l’air pourtant correct mais je ne veux pas jouer au touriste qui se fout des interdictions. Sous la pluie de plus en plus présente, je me fraye un chemin au milieu d’individus qui filment tous à la verticale — ok, c’est une chute d’eau - et je retourne à la voiture. Je découvre sur la carte une autre cascade, Kvernufoss, à 5 minutes.

Magnifique. Le chemin d’accès, certes court, a le mérite d’exister. Il n’y a personne… et l’eau tombe avec une force impressionnante. Aucune balise, tout est laissé à la responsabilité du promeneur. Je m’approche, pas trop non plus tant les projections d’eau sont importante. Impossible de photographier avec mon Sigma, il a déjà pris l’humidité depuis un moment. Le Fuji commence à faire aussi la gueule. Mes chaussures commencent à laisser s’infiltrer la flotte. Mes gants sont des éponges. Ma veste est gaugée mais tient encore le coup. Je retourne au parking, très heureux de cette découverte. La même chose sans la pluie et je serai resté bien plus longtemps.

Le temps d’un séchage aussi improvisé qu’inutile et d’un sandwich… rustique et je pars pour ma première randonnée sur glacier. Une fois arrivé, on m’annonce la couleur : ça va être compliqué. Pas à cause de la difficulté mais de la flotte. D’ailleurs, les infiltrations font s’ébouler des pierres de la parois la plus proche. Un spectacle assez impressionnant : à chaque reprise, le guide Polonais semble soucieux. Le tour est plaisant mais on est vraiment “sur rail” et le guide s’arrête toute les deux minutes pour vérifier que tout le monde suit (… non). Comme souvent, je suis dans ma bulle. Je suis trempé et je l’élude totalement. J’aimerai surtout marcher vraiment et plus longtemps. Malgré sa beauté, le glacier déchante. Lorsqu’on arrive dans un couloir très large, le guide nous explique qu’à son arrivée quelques années auparavant, il devait enlever son sac à dos pour passer en échasse. Que penser de tout cela ? D’un côté pays à la nature sauvage, de l’autre terre de 4x4 et d’utilitaires immenses. Je participe avec ma voiture, en suivant l’itinéraire d’un tourisme de masse… Doit-on pourtant s’abstenir de voyager ? Existe-t-il encore des endroits vierges ? J’écris ça sans trop réfléchir et des questions me traversent dans la journée. Culpabilisation ? Ou déception de suivre un chemin tracé, lié à un orgueil mal placé ? Tout cela me travaille. Un peu, tout du moins.

Je suis trempé jusqu’à l’os quand j’arrive à Vik. En me rendant à l’auberge, je passe à côté d’une piscine… et pourquoi pas ? C’est ainsi que je me retrouve dans un bassin extérieur naturellement chauffé à 29°C. C’est super agréable, il n’y a personne dans l’eau, j’enchaîne les allez-retour pendant une petit demi-heure en lorgnant de temps à autre un tout petit bassin proche, chauffé à 45°C dans lequel la proportion humaine me semble encore inacceptable.

Une fois dehors, je me jette un demi dans une brasserie locale à la population pas du tout locale. Puis à la suite d’un repas digne d’un chef (nouilles instantanées et grilled-cheese), je monte dans ma petite chambrée. J’essaye tant bien que mal d’y faire sécher mes affaires tout en composant cette magnifique prose.

Jour 4 — De Vik à Hofn

Réveil à 6h45, j’émerge un peu difficilement et enfile mes vêtements du jour… tout n’a pas eu le temps de sécher correctement et la chambre est encore très humide.

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Je me lance sur la route, j’en ai pour 2h30. Je suis levé du mauvais pied et me traversent l’esprit certaines pensées parasites. La neige se met à tomber d’un seul coup, m’empêche de voir à deux mètres. Je réduis la vitesse, assez fasciné. J’effectue une partie du chemin à tâtons avant que tout ne s’arrête alors que la lumière commence à pointer le bout de son nez. Je commence à m’éveiller face aux immenses étendus blanches et aux montagnes du parc de Skaftafell qui trônent devant moi. Je m’arrête deux minutes dans une station pour mettre de l’essence et boire un café qui me remet d’aplomb : un café “noir comme un ciel sans lune”, c’est peut-être tout ce qu’il me fallait.

J’arrive au point de rendez-vous d’une nouvelle randonnée sur glacier. Je suis accueilli par un sympathique guide Italien. Le reste du groupe est constitué de cinq jeunes Taïwannais.e.s et de trois Coréens. Je sympathise avec l’un des Coréen pendant qu’on attend le reste du groupe. Ça traîne. Nous commençons alors la marche. Le lieux est magnifique, il y a beaucoup de neige et le glacier arbore une magnifique couleur bleue électrisante. Le temps est magnifique. Apparemment c’est grâce à la pluie d’hier que la couleur ressort autant : avec le soleil se forme une petite couche réfléchissante sur la glace qui est « nettoyée » par la pluie. Les conditions d’observations sont donc optimales. Pour confirmer une impression latente, au détour d’une discussion, je comprends que quasiment aucun Islandais ne travaille dans ce « business » de marche sur glace. Je me demande quelles sont les implications de ce genre de pratique. La marche reste très appréciable, plus libre et sportive que la veille, surtout la descente réalisée d’une traite qui me plonge dans un semi état méditatif.

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Puis je décide de retourner sur mes pas pour aller voir la cascade Svartifoss, dans le parc naturel. Je me gare et entame la marche. Au premier embranchement, je choisi au hasard de prendre celui qui va à l’opposé de la cascade… après tout, il fait peut-être une boucle et ça m’intrigue. Évidemment, j’ai laissé mes crampons dans le coffre, ce qui m’amène à quelques… habiles acrobaties pour éviter de glisser en contrebas. C’est un beau chemin doublé d’une belle vue. À choisir, j’aurais préféré passer un peu moins de temps sur le glacier pour pouvoir mieux profiter de ce parc. Au bout d’une bonne demi-heure, alors que la lumière décline, j’arrive à un magnifique point de vue alors que le chemin part en épingle. Je regarde enfin un plan qui m’indique que je suis loin du bout. J’hésite fortement à continuer mais sans crampons ni lampe frontale, je sens la mauvaise idée. À contre-cœur, je retourne sur mes pas et décide de quand même aller voir la cascade à une paire de kilomètres de là. C’est agréable même si le vent se lève et que je maugrée bêtement d’avoir rebroussé chemin quelques instants auparavant. Il faut que j’apprenne à profiter… Je comprends néanmoins que j’aime une chose : sentir qu’à un endroit donné, je suis seul. Comme si, à un instant donné, personne au monde n’avait cherché à venir ici. Je ne sais pas ce que ça dit de moi, pour autant ça m’apaise.

Je retourne au 4x4 et reprends mon parcours dans la nuit. Ce qui me turlupine, c’est que je repasse par le même chemin que le matin et toute la neige a disparu. Et je n’en verrais presque plus jusqu’à Hofn, ma destination. À l’arrivée, je m’offre un repas dans une brasserie de bord de route. J’y déguste de bonnes pâtes au homard, accompagnées d’une bière un peu forte. Je retourne à l’auberge où nous sommes tellement peu que j’ai un dortoir de 5 lits pour moi. Et ça c’est une excellente nouvelle !

Jour 5 — De Hofn à Hrafnabjorg

Un nouveau réveil matinal et une longue route qui m’attends. Aujourd’hui, j’ai assez peu de choses prévues, à part une idée de randonnée. Il fait doux, je rejoins ma voiture et me met en route. Je m’apprête à longer les fjords Est de l’Islande.

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Comme tous les matins, j’observe la lumière se répandre partout, petit à petit. Je m’arrête à une reprise ou deux pour faire quelques photos, prendre l’air. Mais bizarrement, je me sens légèrement mélancolique. J’ai du mal à me défaire de pensées ennuyeuses. Et le temps souligne mon état d’esprit, avec une ambiance sombre, des nuages lourds. Pas de mauvais temps, plutôt ceux d’une atmosphère chargée, qui va de pair avec l’aspect très rocailleux et monochrome des paysages environnants. Je suis touché par la disparition de la neige. Il n’y en a plus la moindre trace sur mon chemin.

Je finis par m’arrêter pour un café. Je suis accueilli un peu froidement et m’installe, carnet et carte sous les yeux. Que faire ? Et après tout, si j’ai besoin d’un « but », alors pourquoi ne pas justement chercher la neige ? C’est une idée. Je scrute les routes. Impossible de m’enfoncer dans les terres, les voies finissent par être fermées et je serai forcé de retourner sur mes pas. Puis je vois que la route vers un fjord dans le nord-est accessible.

J’arrive dans la ville la plus proche, Egilsstadir et bifurque plein nord. La neige réapparaît progressivement. Puis plus j’avance et plus elle s’épaissit. Surtout, la route est de plus en plus verglacée. Au début je tâtonne avant de prendre un peu plus confiance dans les capacités du véhicule. Plusieurs fois je me demande si j’ai bien fait d’aller par là et plusieurs fois je me dis que c’est parce que je me pose la question que c’est une bonne idée. Ça grimpe, la voiture glisse un peu parfois. Les traces sur la route se font plus rares et la neige encore plus épaisse. Et d’un coup, alors que je traverse un versant de montagne, apparaît un avant-goût de ce qui m’attend. Monts enneigés, plaines blanches… Je suis concentré, pas encore totalement assuré, ne sachant pas où la route va s’arrêter. Puis le paysage s’ouvre, c’est magique. Je suis abasourdi. Et j’aurais la même réaction en arrivant au village d’arrivée. Petit lieu d’habitations reculé, au bord de l’eau, enclavé. C’est magnifique. Je m’arrête, sors et grimpe au sommet d’un petit monticule en bord de ville, pour observer tout ça d’en haut.

Je ne reste finalement pas si longtemps. J’aimerai tout de même faire une petite rando, surtout après tant d’heures de route. Et même si je ne l’admet qu’à moitié, j’ai peur que la météo change du tout au tout et m’empêche de remonter correctement. Le chemin inverse offre un autre point de vue tout aussi fabuleux. Je m’arrête même pour contempler le silence, le temps d’un instant. Une fois la montée à nouveau passée, je bifurque par une nouvelle route qui longe un sublime lac gelé. Je traverse une forêt d’arbres plus petits que moi. Tout me fascine. Au loin, le paysage semble sorti d’une autre planète, la lumière n’est plus pesante mais volatile, douce.

J’arrive au pied de la balade d’Hengifoss. Le chemin n’est pas trop compliqué mais ça tire : resté assis au volant des heures, je suis raide comme un balai. Par contre, c’est casse gueule. Surtout la dernière partie, entièrement verglacée. Je fais le cabri entre les pierres pour contourner les plaques. J’arrive enfin à la cascade, gelée. Le lieu est très étonnant. Un canyon, majestueux, d’une couleur très marquée. Une petite percée dans le ciel permet de modeler le tout avec des rayons de lumière plus durs. Au retour m’attends un spectacle magnifique, un coucher de soleil d’une beauté fracassante. Je suis totalement changé, heureux comme je-ne-sais-quoi, tellement touché par ce moment.

Puis je retourne en ville. Déjà pour remplir le réservoir, en réserve. Je fais quelques courses d’une qualité folle (pâtes en sachet Knorr et barre de céréales) et décide d’aller boire une bière dans un troquet. Moment agréable dans un lieu totalement vide, même de personnel, la serveuse s’éclipsant à l’instant même où je règle ma pinte.

Je pars pour la maison d’hôte en chantant sur la route. Une charmante demeure où je rencontre un Hongrois qui m’explique qu’il travaille dans l’audiovisuel. Amusant. Un type sympathique et encore plus mauvais que moi en anglais.

Jour 6 — De Hrafnabjorg à Reykjahlid

Mon réveil sonne, toujours à la même heure. Personne n’est debout, je prépare mon café instantané, croque une barre de céréales et m’apprête à partir. Une bonne heure et demie de route m’attendent, vers l’ouest, en direction de Myvatn. Je pars l’esprit léger. La journée s’annonce moins chargée en route.

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La neige est bien présente, les montagnes ont laissé place à des amoncellements de pierres noires qui donnent aux environs un air lunaire. Quelques flocons tombent, l’air se charge de brouillard mais la lumière arrive doucement.

Je m’arrête en premier lieu sur le site de Hverir avec ses cratères volcaniques qui crachent de la vapeur. C’est joli, intéressant et surtout très préservé. Juste quelques cordes à ne pas dépasser, assez discrètes pour ne pas trop dénaturer l’endroit. L’odeur de soufre qui règne n’est pas désagréable. Je me balade entre les trous, observe, fais quelques photos. Je repère un sentier qui entoure un petit mont, à côté. Malheureusement le sol est vraiment glissant et mes crampons de moins en moins efficaces.

Je me rend donc à Reykjahlid, petite bourgade, à la recherche d’un café que je ne trouverai pas. Qu’à cela ne tienne : je continue vers Dimmuborgir, un parc depuis lequel partent plusieurs itinéraires de marche.

Une fois arrivé, je repère la plus longue boucle et une bifurcation pour rejoindre le pied de Hverfjall, un volcan local. Je me lance. Impossible de suivre un quelconque chemin car les petits piquets d’indications sont tous ensevelis sous la neige. Le vrai soucis c’est que je m’enfonce de plus en plus à chaque pas. Après une grosse demi-heure de galère où je me vautre un certain nombre de fois — je chute même dans un trou de neige jusqu’aux épaules… j’abdique et retourne au parc. J’entame donc la boucle, chemin agréable au milieu de toutes ces majestueuses pierres noires. C’est irréel, il n’y a personne et il fait bon. Depuis mon arrivée, il neige un peu et le ciel a pris la couleur du sol. Ça donne une ambiance typique de journée hivernale à l’odeur si douce que j’aime beaucoup. Donnez-moi de la neige, permettez-moi de marcher dessus et je suis content ! Tout se ressemble sans être vraiment pareil, c’est atypique et propice à une petite marche très agréable. Et c’est con mais le peu de personnes que je croise me saluent avec un grand sourire. Les jours derniers, j’ai croisé trop de gens qui tournent juste le regard en m’ignorant complètement. Ça m’énerve.

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Je retourne à la voiture afin de décider quoi faire ensuite. Il y a une petite randonnée près des « semi-cratères » au sud du lac. Ce dernier, quasi intégralement gelé m’apparaît plus clairement alors que j’en fais le tour en voiture. Je n’en voit pas le bout et la brume et le ciel font que tout se confond dans un camaïeu de gris bleuté. On ne distingue pas grand-chose d’autre que des formes abstraites.

La marche est sympathique. Même si mes crampons ont largement rendu l’âme. C’est assez court, un peu moins d’une heure et le vent se lève assez fortement. Je suis si absorbé que j’en oublie presque de regarder les fameux cratères que je contourne.

Je décide ensuite de finir le tour du lac et de retourner au village pour voir si je peux trouver des crampons de rechange. Il y en a en taille « S » ce qui ne va pas trop m’aider. Je réfléchis à quoi faire puis me souvient, en regardant la carte, qu’il y a une grotte avec une source chaude à cinq minutes. La route pour y aller est bien gelée ce qui fait souvent glisser la voiture, c’est assez drôle. L’entrée de la grotte est toute petite. J’hésite un peu à descendre, n’arrivant pas à déterminer la présence de glace sur les cailloux. Puis arrive un groupe de cinq jeunes qui parlent très fort. De mon côté, je sors la frontale et me décide. C’est très facile d’accès, je me fraye un passage entre les cailloux et en une dizaine de pas je suis tout au fond. Depuis l’autre entrée, je vois les lueurs des lampes des autres visiteurs. Qu’est-ce qu’ils beuglent ! Je ne comprends rien à ce qu’ils disent, mais à cet instant, je les déteste. Je prie pour qu’ils ne dorment pas au dortoir où je suis censé passer la nuit. Personne ne descend, je suis enfin seul à nouveau et je profite d’un moment calme quelques (centi)mètres sous terre.

Enfin, pour clôturer la journée, j’hésite à me rendre à la station thermale. Ça m’a tout l’air d’être un gros établissement pour touriste et ce n’est pas donné. D’un autre côté, j’ai l’impression que c’est moins l’industrie que le fameux Blue Lagoon et surtout, je risque d’y croiser moins de monde. Ça m’évitera de me sentir piégé dans un album de Reiser.

Finalement, je me retrouve dans un teen movie ! Dans les vestiaires, une tripotée de « jocks » clichés crient en anglais, se reluquent dans la glace, prennent toute la place. Heureusement, sans que personne ne me donne de coup de serviette au passage, ils partent rejoindre leur gros bus de nazes qui attend devant. Je balance totalement gratuitement mais franchement… Pourquoi pas ! Une fois dehors, si se promener en maillot par -5 est assez désagréable, l’eau est délicieuse. Même si ça ne me touche pas particulièrement, je prend plaisir à y nager. Puis tout beau, tout propre, je reprends la route vers mon point de chute. Où m’attend une belle surprise : d’une nuit dans un dortoir, je suis surclassé dans une chambre solitaire. Et j’ai rencontré un couple d’Allemand vivant à Zurich extrêmement sympathiques, qui profitent des commodités tout en dormant dans une tente spéciale à l’extérieur.

Jour 7 — De Reyjahlid à Akureyri

Ce matin, je me réveille seul dans cette grande auberge de Reykjahlid. Je me dirige donc dans la nuit vers le volcan de Hvejlfall. Comme les deux allemands m’ont dit qu’on pouvait monter, je compte bien observer le lever de soleil de là-haut. À la moitié du chemin, je sens que la voiture galère dans la neige. Je ne tiens pas à tenter le diable. Armé de mon plus bel attirail et de ma frontale, j’attaque la route à pied. Le ciel est nuageux, sans brouillard. La température est enfin digne d’un hiver avec le mercure qui tombe à -10, c’est un temps sec et agréable.

Plus je marche et plus je maudis mes crampons, ou plutôt leur absence. Je galère pas mal mais j’atteins enfin le parking en contrebas du volcan. La lumière est plus présente, déjà. Je me lance dans une ascension qui me semble d’une facilité enfantine… sauf que je me vautre tous les mètres. Je me motive en me disant que ce n’est pas tous les jours qu’on marche sur un volcan. Je continue au pas et arrive enfin au sommet. La vue est magnifique et je commence à faire le tour du cratère. Le vent souffle fort sans être désagréable. Règne cette si bonne odeur de froid sec et de neige toute fraîche. Même si le soleil se cache, les couleurs rosées du lever du jour sont magnifiques. Une fois le tour effectué, je me lance dans la descente qui s’avère plus simple que la montée. Je retourne à la voiture. Mon but : manger un vrai petit déjeuner, boire un café et réparer mes crampons.

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Sur le parking de la supérette, alors que je déguste mon rouleau cannelle-chocolat et mon café-Camel, je réfléchis à la suite. Le soir, je dors à Akureyri, à 1 bonne heure de route, alors j’ai un peu de temps. Je décide de rouler jusqu’à la ville de Husavik, où la principale activité serait d’aller voir des baleines. La route est agréable. Arrivé sur la côte, je traverse seulement la ville. Je ne sais pas où tourner et je n’ai pas envie de tourner. Je continue comme ça pendant un bon moment, sans chercher à faire demi tour. Je remarque un point d’intérêt, un petit phare orange et décide de m’y arrêter pour manger un bout et faire demi-tour. Malheureusement l’accès est fermé. Après une petite pause, je me décide à rouler jusqu’à mon prochain arrêt, Godafoss.

La chute d’eau est très belle même si il n’y a pas grand chose à faire pour y accéder. J’observe, je descends un petit chemin fermé pour m’approcher un peu. L’eau a encore de cette caractéristique couleur turquoise, qui contraste joliment avec la neige et le ciel blanc. Puis je me dirige vers un chemin intéressant à Akureyri. J’ai le choix entre l’itinéraire court qui me fait passer par un tunnel payant ou un autre contournant par la montagne en longeant un fjord. Ce serait dommage de louper ça, malgré ma fascination pour les tunnels. Je fais bien, c’est magnifique. Le bras de mer qui rentre dans le pays apparaît au loin, grandiose. Les remous sur l’eau me paraissent abstraits vus d’en haut. Puis je traverse une plaine où certains endroit épargnés par la neige laissent entrevoir une herbe d’un vert fort et saturé. Je n’ose même pas imaginer la beauté de ce paysage en plein été. Le vent souffle très fort et j’arrive en ville. Le temps de quelques kilomètres et me voici au pied de ma randonnée.

Vu l’heure et le temps annoncé, je me met à marcher en sachant que je ne vais pas tout faire. Le chemin gravit un petit mont, en direction d’un sommet local. Tout est blanc, malgré mes nouveaux crampons, je galère un peu mais le chemin est revigorant. Je continue au maximum avant d’arriver à un cairn où je décide, avec un petit pincement, de retourner sur mes pas.

Pour finir ma journée, je me rend à la piscine locale. Elle est très bien, peu chère et l’exercice me fait du bien. Après plusieurs longueurs un peu rouillées et un passage dans un bassin à 40 – il neige dehors -, je décale vers l’auberge de jeunesse ou m’attend un lit en dortoir. J’y bois une bière offerte et déguste un très bon poisson frais, une ombre chevalier. Encore une fois, j’ai la pièce pour moi seul.

Jour 8 — De Akureyri à Staður

Au réveil, je jette un coup d’œil rapide à l’état des routes. La principale vers l’ouest est totalement fermée. Résultat, je traîne un peu au lit avant de me décider à me lever, à l’heure du petit-déjeuner que je suis prêt à payer pour changer. Au rez-de-chaussée de l’auberge, pas un chat. La réception est fermée, tout est calme, je suis seul. Face à l’impossibilité de prendre de suite la voiture, je traîne et croise deux Français qui descendent aussi. Ils cherchent à atteindre l’est, d’où je viens. Mais la route est aussi fermée de ce côté.

La réception ouvre enfin, pas de petit-déjeuner. Néanmoins, on nous offre le café, ce qui n’est pas de refus. Avec l’un des Français, on part acheter des viennoiseries en discutant un peu. C’est un bordelais, ancien ingé-son reconvertit cuistot. Assez sympa, il me rappelle un copain. Le temps avance et la route n’est toujours pas débloquée. Je remarque alors que je peux la contourner par le nord : la voie est ouverte, pleine de neige. J’hésite un moment puis me décide vers 10h30, alors qu’une possible réouverture de la “ring-road” annoncée à 11h30.

Dehors, on sent qu’il a bien neigé pendant la nuit. Le temps semble clair, pourtant. Je m’engage sur la route. Dans les faits, c’est fastidieux. Plus j’avance, plus il y a de la neige. Le vent souffle et ça tombe dans tous les sens. La voiture n’a pas trop de soucis mais je sens que ça peut facilement glisser. Et surtout, plus je roule et plus la visibilité se dégrade, jusqu’à ce que je m’engage dans une vraie purée de pois. Je réussit quand même à me faire doubler brusquement par un semi-remorque islandais alors j’imagine que la route n’est pas si dangereuse…!

J’essaie plusieurs points d’arrêts. Une cascade, premièrement. Mais je ne vois pas de parking et ça souffle trop. Puis ce qui ressemble à un bout de forêt. J’abdique aussi et finit par m’arrêter dans un petit village pour acheter un sandwich. Je continue ma route. Tunnels, route, tunnels (qui sont d’ailleurs très curieux, surtout ceux à une seule voie avec la roche apparente). À un moment, je sors du brouillard et tout s’éclaire. Un lac, magnifique, au loin et un petit village où deux chiens sautent sur ma voiture. Après un rapide échange de politesse avec eux, je continue : la route se met à descendre et c’est à nouveau la visibilité minimum.

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Je commence à me sentir assez fatigué, à force de me concentrer. Je redouble de prudence, donc. Puis c’est à nouveau l’accalmie. Je m’arrête dans un petit parc en bordure de route, histoire de me dégourdir les jambes. Pour le reste, rien de transcendant : je reprends le volant, traverse un nouveau passage blanc, sors du bourbier et m’arrête faire une mini-balade sur un petit îlot. À ce moment, d’ailleurs, ce qui devait arriver arrive : plus vraiment vigilant, je me vautre lourdement sur une plaque de verglas, confirmant que je manque un peu d’énergie. La ballade me réveille un peu puis je retourne à l’auto. Je compte juste voir une dernière cascade, peut-être y voir le coucher du soleil puis direction la chambre. D’un coup, tout est dégagé, le ciel est magnifique et les nuages forment des montagnes. Très bas, ils lèchent l’horizon, au loin, ce qui donne des effets de perspective très agréables à observer.

La cascade est jolie et pour une fois, je suis content de ne pas avoir à marcher pour la trouver. D’ailleurs, ici nous ne sommes clairement plus dans le même univers. La neige n’est plus très présente et surtout, ça sent la campagne, les champs, le fumier lointain. La maison qui m’accueille n’est pas trop loin de la route, seule au milieu de kilomètres carrés de champs vides. C’est calme.

Jour 9 — De Staður à Reykjavik

Dernier jour. Du moins, dernière vraie journée. Le réveil sonne, je traîne un peu puis me dirige vers la cuisine pour me préparer un café. Je saute dans la voiture, il est 8h30. J’ai repéré un petit chemin de randonnée qui n’a rien d’exceptionnel mais qui sera parfait pour le lever du jour.

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Après un petit bout de route dans la neige, j’arrive au bord du sentier. Ce matin, le temps est totalement dégagé, c’est agréable. Je me lance dans la marche, un petit tracé au milieu des arbres, proche d’un lac complètement gelé. Je croise quelques maisons. Ça doit être sympathique de se poser là l’été. La marche n’a rien de difficile, au loin le soleil perse joliement à travers les nuages. L’exercice finit de me réveiller. Juste avant de faire demi-tour, mon pied s’enfonce dans une poche de glace, je suis trempé.

De retour à la Dacia, je réfléchis à la suite des événements. Ce matin, je me sens un peu triste. C’est le dernier jour et sans vouloir partir tout de suite, j’ai un léger mouvement de démotivation. Je décide d’aller voir une cascade à côté d’une cave de lave, au moins je ferai de la route secondaire et verrai du paysage. Une fois arrivé, je retrouve l’ambiance plutôt touristique des premier jours. La cascades est belle mais je ne reste pas très longtemps. Je me décide à rejoindre un « mini-fjord », en direction de Reykjavik.

Après une route caillouteuse pleine de neige, je débarque sur ce petit bras de terre. Personne. Je me lance dans la marche, facile et agréable. Un aller, un retour. Puis je retourne vers la capitale.

Une fois arrivé, je tourne et tourne. Je roule sans véritable but et surtout, je sens que j’ai perdu en vigilance après avoir manqué emboutir un véhicule dans un rond-point. Après un arrêt-recherche, je me dirige vers la rue principale, me gare rapidement et sors me balader.

Je flâne dans les rues, observe sans but. Je remonte l’artère principale de l’hypercentre, passe voir l’église… Je passe devant un bar avec de la musique qui m’attire. C’est là où je finis. Deux bières plus tard, n’ayant encore une fois mangé qu’une barre de céréale à midi, je me sens déjà ivre. Je finis ma soirée dans l’auberge du premier jour, devant une pizza, une nouvelle “flatus” et dans un dortoir bondé.

Jour 10 — Le retour en France

Ce matin, j’émerge avant mon réveil. Enfin… je jette un coup d’œil sur mon téléphone : il est 2h30. Je me rendors presque instantanément. L’horloge retentit à 7h. Je ne suis pas si mal dans ce minuscule lit superposé, je me décide tout de même à me lever au plus vite, avec comme objectif avoué de squatter la première salle de bain privée que je trouverai sur mon chemin. Après m’être rafraîchi, je descends pour m’offrir le petit déjeuner. J’avale quelques solides tartines d’une confiture au goût indéfinissable sur du pain islandais. Au moins, ça tient au corps. Un café et une cigarette sur la terrasse, histoire de me rendre compte du temps médiocre du jour et je décolle. À l’entrée de l’auberge, un portugais, Sergio m’aborde. On discute 5 minutes, il est ici pour une résidence et doit se rendre à la gare routière, sans connaître le chemin. Il pleut un sale mélange de flotte et de neige. Je lui propose de le déposer. Un type très sympathique.

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Puis je réfléchis à mon prochain arrêt. Il est tôt, j’ai le temps de profiter encore un peu mais la météo n’est pas de mon côté. L’endroit qui m’intéressait n’est pas ouvert et une randonnée vers un volcan récemment en éruption me prendrait 5h au bas mot… Je décide de rouler vers une plage aux formations volcaniques. C’est peut-être le seul moment où je me serai vraiment senti tendu au volant . Il pleut à saut, on ne voit rien, je ne connais pas la route, les gens conduisent comme Fangio et la voiture se comporte… étrangement sur la moindre flaque d’eau. Bref. Je finis par sortir de la ville ce qui a pour effet de réduire le trafic à… moi seul. Le vent souffle fort et la pluie ne discontinue pas. Quand j’arrive au chemin qui mène à mon point de chute, assez peu engageant au demeurant, une voiture est garée en plein milieu, vide. Difficile de la contourner sans faire un rodéo et ce n’est pas le moment d’exploser la bagnole. Pas le moment non plus de me lancer dans 4km aller-retour sous la flotte et dans le vent. Je retourne sur mes pas et décide de faire un dernier grand tour histoire de vider le réservoir… Sur la route, le paysage est encore différent de ce que j’ai pu voir auparavant. On sent l’influence volcanique, des roches noires à perte de vue. Dans cette ambiance sombre, grise, bleue et verte foncée, le paysage est un peu apocalyptique.

Enfin, j’arrive dans ce lieu magnifique qu’est le point de chute des milliers de véhicules de location qui sillonent l’Islande. D’immenses parkings, une neige gadoueuse marronasse entre les files de voitures et des entrepôts immondes. Je participe complètement à ce désastre esthétique et j’en ai bien conscience. Le temps de saigner ma carte bleue pour un dernier passage à la pompe et je retourne à la location. L’avantage de toute cette pluie, c’est surtout d’avoir nettoyé la bagnole. Devoir le faire m’aurait bien irrité surtout après l’affaire de l’assurance…

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Accueilli rapidement, je rends les clefs, signe l’état des lieux, en 5 minutes c’est plié. J’ai fais 2427km. Soit 7,7 fois le Paris-Dijon. En sortant, je rencontre mes compagnons du premier jour. On discute 5 minutes : ils ont réussi à prendre, enfin, un véhicule mais ont finalement du payer aussi l’assurance pour une affaire de plafond bancaire. Néanmoins, l’aventure leur aura été fort plaisante et j’apprends avec joie que l’un a demandé l’autre en mariage pendant leur périple. Sympa. Pour eux par contre, le rendu semble plus compliqué. Après de longues minutes à parlementer, des allez-retours incessants, le ton qui monte… Ils sont enfin libérés. Pour une sombre histoire de plaque cassée sous le véhicule, on leur demandait 1600€. Après des menaces de faire intervenir la police, c’est un manager qui, au bout du fil, aurait réglé le contentieux par flemme de se déplacer pour un problème si minime.

Nous arrivons à l’aéroport où on se quitte à l’enregistrement. Je passe la sécurité et me pose pour manger une merde quelconque. Le temps passe tranquillement jusqu’au moment où je met les pieds dans l’avion de retour. Dans les allées, je retrouve deux Françaises avec qui j’ai partagé la dernière maison de mon trajet. On discute, elles ont aussi eu des frais monstrueux à cause d’un impact sur le pare-brise… Décidément. Ce brin de causette déclenche une autre conversation avec mes voisines de derrière. Au fil de nos histoires, j’apprends qu’elles sont resté au sud, ont un peu subit les intempéries mais par contre, ont assisté au spectacle des aurores boréales. Le voyage a l’air de leur avoir beaucoup plu.

Le voyage s’effectue en un clin d’œil. Puis l’arrivée à Orly, une longue attente en roulage, le bus jusqu’à Denfert-Rochereau et la marche jusqu’à Gaité. Pour une nouvelle destination, la ligne 13 vers Saint-Denis qui constitue presque un nouveau voyage en soit !