✍🏽 Charlie : poursuivre la lutte pour la liberté et la démocratie

Le 7 janvier 2015 avait lieu un massacre à la rédaction du journal satirique « Charlie Hebdo », à Paris. Douze personnes furent exécutées par des terroristes djihadistes dont des dessinateurs au talent fou: Charb, le directeur, Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré. Sans oublier les autres collaborateurs du journal et les policiers en service. Le dessin de presse qui propose une interprétation « à chaud » de l’actualité, avec impertinence, nous oblige à réfléchir. Les journalistes dessinateurs ont, comme seule arme, leur crayon. Un dessin n’a jamais tué ! Il est plus fort que les balles.

Relayée pratiquement en direct par les médias, la nouvelle semblait en premier lieu bien irréelle. Puis tout va très vite. Tout d’abord, il y a les faits en eux-mêmes. Non seulement un évènement sordide puis ce qui suit, tout aussi abject : des prises d’otage, des dégradations de lieux de culte… Tout est suivi, rapporté, commenté en direct. Le flux de l’information est au centre de toutes les attentions, qu’il provienne des médias traditionnels ou des millions d’utilisateurs des réseaux sociaux. Devant ce massacre, nous sommes submergés, la tension est palpable.

Rapidement un nouveau mouvement naît à partir d’une image, d’un simple Je suis Charlie. En une poignée de minutes, les choses s’accélèrent de manière exponentielle et finissent par dépasser la tragédie initiale et toute forme de barrière. Je suis Charlie traverse le monde entier et occupe tous les esprits, toutes les conversations. Je suis Charlie devient un cri de ralliement, pour la liberté de s’exprimer, de critiquer, de se moquer, de rire de tout… Chaque individu brandit ces trois mots. Encore jamais on ne s’était à ce point rendu compte de ce besoin tangible qu’a l’humanité de s’exprimer librement. C’est aussi un mouvement en marche pour la liberté et la démocratie dans le monde. Ne pouvons-nous pas observer cet évènement historique avec un certain optimisme, malgré son sombre déclencheur ?

Je suis Charlie est devenu un symbole multiculturel et planétaire. En cela et hors de toute considération idéologique, nous assistons à l’avènement d’un grand mouvement contre la barbarie qui fera date dans l’histoire. Et s’il n’y avait plus qu’une chose à dire, ce serait un appel à la réflexion. Ne nous voilons pas la face, la haine, la violence, le radicalisme subsisteront sans doute longtemps, mais il s’agit d’un écueil que nous devons éviter grâce à la formation, l’éducation, la démocratie, l’État de droit, la fraternité et la solidarité du Vivre ensemble.

L’humour sans tabous ni censure est une forme d’esprit que les fanatiques ne conçoivent pas et ne tolèrent pas, dans les limites étriquées de leur pensée endoctrinée. On ne doit pas laisser le monde à ces criminels fanatiques. Gardons-nous de faire des amalgames comme le dit si bien Abdennour Bidar, philosophe musulman critique de l’Islam, né en France, doté d’une véritable double culture : « J’ai la nausée, je voudrais m’adresser aux terroristes où qu’ils soient, je refuserai jusqu’à la mort que des hommes s’arrogent le droit au nom de l’Islam de tuer et de faire violence, je voudrais leur dénier le nom de musulmans qu’ils réclament. Mon attachement à l’Islam est en souffrance terrible car ils sont les voleurs de l’identité musulmane. J’ai peur que nous retournions à l’obscurantisme des guerres de religion ». Il ne faut pas baisser la garde. Soyons tous Charlie !

Jean-Marc Mailhol et Luca Mailhol

(publié en mars 2015 dans Touristica International, photographies d’une manifestation dijonnaise par Luca)